Le travail introspectif de Loïc Gaume est à mille lieues des poncifs croisés habituellement du côté de cette vague de l’autobiographie que l’on associe souvent à la bande dessinée contemporaine. Son approche très personnelle confirme une chose : que ce fameux territoire du “je” reste une contrée décidément encore bien peu explorée.
On pourrait pousser un peu l’analogie, et considérer ses très nombreux Carnets auto-édités comme autant de balises ou de repérages, de sentiers qu’il aura arpenté, répondant aux lois dictées par un parcours intimiste autant que géographique, durant toutes ces années.
Une restitution du quotidien, pleine de simplicité et de délicatesse, qui s’avère étonnamment évolutif : ce pudique et savant processus de repérage auquel se prête ce jeune auteur (d’origine franc-comtoise, et vivant à Bruxelles depuis son passage à La Cambre, l’exigeante Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels) ne s’éloigne finalement jamais de sa propre personne, tout en quadrillant, petit à petit, un terrain de jeu graphique emballant.
C’est cette minutieuse cartographie du moi qui sera montrée pour Ce qui nous lie : sous la forme d’une suite chronologique d’extraits de ce travail de longue haleine, l’évolution d’un auteur et d’une œuvre sensible et pleine de charme.
Séance de rattrapage : “Lapin” (L’Association, 2010-2011), “37 Piers” (Les Détails, 2012).