Parmi les œuvres exposées au sein de l’expo Ce Qui Nous Lie, on compte celles de deux auteurs que l’on apprécie particulièrement chez ChiFouMi, et qui ont accepté de venir jouer le jeu de l’accompagnement pédagogique mis en place avec le Rectorat et grâce à la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Franche Comté (que l’on ne remerciera jamais assez pour le soutien qu’ils offrent à notre toute petite structure).
Alors que le Lycée Pasteur de Besançon accueillera Loïc Gaume pour un workshop de quelques jours, plusieurs collèges de Dole et Besançon accueilleront Gilles Rochier. On en reparlera avec davantage de précisions cette semaine sur ce site, mais on tenait à vous présenter ces deux auteurs…
En parallèle à un conséquent parcours de fanzineux particulièrement actif, Gilles Rochier signe « Temps Mort » en 2008 : alors que la vague de l’autobiographie auto-centrée est à son comble, ce récit d’une lente et douloureuse dépression est remarqué, et l’an passé, le plus récent « TMLP » offre à son auteur une récompense lors du Festival International d’Angoulême. Ces deux livres se distinguent à bien des points…
D’abord, parce que Rochier ne fait jamais rien sans cette éclaboussante sincérité qui le caractérise, et que cela transpire dans toute son œuvre, dans chacune de ses pages. Ensuite, parce que l’on a rarement lu d’un auteur de bande dessinée une observation aussi juste, aussi finaude de ses contemporains. Enfin, parce que la plupart de ses récits prennent pied dans cette cité qui fût la sienne, dans laquelle tant d’histoires se sont faites et défaites devant ses yeux, et sur laquelle tant de très moches fantasmes sont projetés…
Gilles Rochier esquinte gentiment ses semblables, sans jamais s’oublier pour autant ; il observe le malaise, la vacuité des choses, l’injustice de cette société. Il retranscrit cela avec une certaine gravité cachée par la dérision et la pudeur. Tout cela résonne chez qui aura vécu au “quartier”, mais tout autant “ailleurs” : le constat sociétal proposé par Rochier ne se résumant pas à une adresse…
Très naturellement, sa générosité quant à l’acte de création et d’écriture plastique devrait sans embûches fédérer les 5 classes de collèges qui suivront son projet durant cette semaine à venir, avant qu’il ne revienne en fin d’année pour continuer ce chantier pédagogique.
Quand à Loïc Gaume, celles et ceux qui suivent l’association ChiFouMi se souviennent qu’il fût l’un des auteurs en résidence lors de la seconde édition de Pierre Feuille Ciseaux, en 2010. Son travail introspectif est à mille lieues des poncifs croisés habituellement du côté de cette vague de l’autobiographie que l’on associe souvent à la bande dessinée contemporaine. Son approche très personnelle confirme une chose : que ce fameux territoire du je reste une contrée décidément encore bien peu explorée.
On pourrait pousser un peu l’analogie, et considérer ses très nombreux Carnets auto-édités comme autant de balises ou de repérages, de sentiers qu’il aura arpenté, répondant aux lois dictées par un parcours intimiste autant que géographique, durant toutes ces années.
Une restitution du quotidien, pleine de simplicité et de délicatesse, qui s’avère étonnamment évolutif : ce pudique et savant processus de repérage auquel se prête ce jeune auteur (d’origine franc-comtoise, et vivant à Bruxelles depuis son passage à La Cambre, l’exigeante Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels) ne s’éloigne finalement jamais de sa propre personne, tout en quadrillant, petit à petit, un terrain de jeu graphique emballant.
C’est cette minutieuse cartographie du moi qui est montrée à l’occasion de l’exposition Ce qui nous lie, et c’est cet angle qu’il présentera comme base d’un workshop dont nous reparlerons donc très prochainement, et qui débute ce mardi 25 septembre au Lycée Pasteur.
Et ce n’est pas tout ! Nous reparlerons de ces deux invités, qui nous feront la gentillesse d’accompagner la visite guidée prévue ce mercredi 26 septembre à 17h30, en présentant et commentant au passage leur travail exposé : tous au Gymnase – espace culturel de l’IUFM, au Fort Griffon, en compagnie de deux auteurs à suivre de près !
Rappel : Et cette fin de semaine, on enchaîne ! Le vendredi 28 septembre, d’abord une conférence de Xavier Guilbert à 14h (durée : 2 heures) à la Maison Internationale de la Cité Canot, 6 rue Antide Janvier à Besançon (gratuit mais sur réservation : contactez-nous vite pour vous assurer d’avoir une place), puis une rencontre avec Emmanuel Guibert, à 19h aux Sandales d’Empédocle, 95 Grande Rue à Besançon.