Il y a des tonnes d’autrices et d’auteurs estampillé.e.s « bande dessinée », mais ce serait faire preuve d’une sacrée étroitesse d’esprit que de ne pas regarder ailleurs que dans ce périmètre moins balisé qu’il n’y paraît, lorsque l’on réfléchit aux artistes susceptibles d’apporter quelque chose à l’objet bizarre qu’est PFC – et d’y trouver quelque chose, en retour.
On a découvert le travail de Jessica Seamans au hasard des déambulations internet, en se disant qu’on avait là une solide illustratrice très douée. « Comme il en existe plusieurs », serait-on tenté de dire de prime abord.

Et puis quelques mois plus tard, on l’a très brièvement rencontrée, parce que le hasard fait parfois bien les choses, durant la première édition d’Autoptic, cette convention focalisant sur une certains scène alternative aux US, lors de notre séjour à Minneapolis en 2013 pour la 4ème édition de Pierre Feuille Ciseaux. Jessica Seamans est l’une des cofondatrices de Landland, ce micro-studio d’impression sérigraphique de haute voltige situé quelque part dans le midwest ricain depuis la fin 2007, est dont l’autre cheville ouvrière est le précieux Dan Black. Leurs collaborations et leurs échanges créatifs tout autant que techniques, dans l’immense variété des impressions montrées là (gig posters, affiches thématiques, affiches de films, pochettes de disques, etc), épatait notamment pour la puissance narrative des compositions de l’autrice.

Jessica Seamans se présente elle-même comme illustratrice et sérigraphe, et a signé très peu d’élans plastiques et narratifs lorgnant du côté d’une bande dessinée ouvertement et franchement assumée. Mais celles et ceux qui suivent son travail connaissent bien, déjà, la portée significative de son dessin extrêmement narratif, dont la conception l’amène à découper celui-ci en plusieurs sorte d’infra-séquences se répondant en lui-même. Son trait raconte autant qu’il illustre, ses lignes semblent reliées à une très longue histoire dont on découvre partiellement les parties, ses volumes portent en eux autant d’éléments complémentaires les uns des autres, comme une phrase se compose de mots. On se demande bien à quoi pourrait ressembler une bande dessinée de Jessica Seamans.

En ligne : landland.net

Bibliographie :
• « A Brief Sampling of Cryptids, Folkloric Beasts & Mythological Animals » The Little Otsu Living Things Series, #8, 2012).