En découvrant enfant les comics de super héros américains, le jeune Marko Turunen, né en 1973 à Kotka, tombe très tôt dans l’ambivalence de cette curieuse écriture graphique. Quelques années plus tard, son cursus artistique ajoute au gouffre qui sépare son intérêt pour les divertissements de masse de la curiosité qu’il éprouve pour le monde de l’art.
De cet écart profondément stimulant, il puisera alors les bases de ses premiers travaux : plusieurs fanzines, de multiples collaborations, et les premières pages d’un parcours éditorial qui deviendra vite parmi les plus marquants, les plus fascinants de la scène alternative européenne.
Et depuis 1991 (ses premières planches), ce périple entrepris n’en finit plus d’explorer l’étrangeté, le bizarre, chaque nouveau livre semblant avoir pour mission de déstabiliser un peu plus avant son lecteur, à grand renfort d’innovations formels (double sens de narration contraire, choix chromatiques radicaux) et de sujets traités avec intelligence (la solitude, l’imaginaire, la mort).
Les livres de Marko Turunen sont troublants, perturbants même. Découvrir son univers est une expérience parmi les plus singulières offertes par le paysage éditorial, et leurs conclusions moralement et physiquement violentes bouclent quelques uns des récits les plus forts de ces dernières années.
Séance de rattrapage : “La mort rôde ici” (Frémok, 2005) “Ovnis à Lahti” (Frémok, 2012).